TARIFS
La Fée qui dansait avec les Ombres
Le soir venu, il défile sur les murs sombres de la ville,
d’étranges ombres, comme un balais de sorcières sautant
d’un pavé à un toit à une palissade.
Ces ombres dansent au rythme des pas
que nous pouvons entendre frapper le pavé.
Ce sont les pas d’un homme.
Un homme tout en noir.
Qu’il est curieux cet homme. Affublé de lunettes de soleil et d’un «nœud pap», il porte une valisette. On ne pourrait dire s’il s’agit d’une sacoche de médecin ou d’un sac de transport pour son chat !? Son ombre, enfin ses ombres, irradient autour de lui, comme si elles participaient à une tromperie, à nous cacher qui il est réellement sous ce costume. Un médecin, un fêtard, un « Men in Black »… ? Peut-être ne le sait-il pas lui-même ? Car toutes ces ombres, ne sont-elles pas finalement, le reflet de ces personnages inventés, incarnés, dans l’attente de découvrir qu’elle est sa véritable ombre, celle qui pourra lui révéler sa véritable lumière ?
Lors d’une de ses sorties nocturnes, l'homme en noir fut aveuglé par une immense lumière qui jaillit au-dessus de lui. Une lumière tellement éclatante que toutes ces ombres s’évanouirent. C'est alors que cette lumière descendit sur lui, et l’avala dans un grand flash.
L’homme ouvrit doucement les yeux. Quelle douce nuit venait-il de passer, qu’il se sentait bien. Son corps était léger, l’air autour de lui semblait plus pur.
Il ouvrit les yeux.
A son grand étonnement, il ne se trouvait pas dans sa chambre.
Mais où était-il ?
Que c’était-il passé ?
Autour de lui tout était beau, sentait bon, les couleurs étaient douces, et tout ce qu’il touchait était doux d’ailleurs.
Le paradis ? Était-il mort ?
C’est alors qu’il s’aperçut qu’une chose bien plus conséquente et surprenante avait changé. Il était…
une femme !
Il se regarda dans un miroir et aima ce qu’il vit, il était charmante et naturelle.
Il, enfin elle…, décida d’aller voir dehors dans quel monde magique elle avait atterri.
Le ciel scintillait de mille étoiles plus brillantes les unes que les autres. C’était éblouissant. Elle avait l’impression de pouvoir les touchers et de pouvoir leur parler, comme si elle était l’une d’elle.
Tout à coup, une des étoiles brilla plus intensément encore, et fila, se transformant en une étoile filante. La femme compris qu’elle l’invitait à la suivre. Elle pris alors la route en direction de l’étoile. Ce chemin l’entraina à travers différents paysages qu’elle n’était pas censée reconnaître, et pourtant… C’était comme si ses pieds savaient exactement où ils la menaient. Une étrange impression de « déjà vu » la submergea. Elle connaissait cet endroit.
Elle arriva sur un rivage. Un Océan s’étendait devant elle. D’étranges monticules de roches se dressaient ça et là. Chacun d’entre eux abritait une île verdoyante à la végétation luxuriante.
La femme aperçue alors un oiseaux blanc majestueux s’envoler d’une des îles et se diriger vers elle. Il se posa près d’elle et lui dit :
« Nous sommes heureux de te revoir enfin. »
La femme su qu’elle devait monter sur son dos. L’oiseau s’envola, et vola longtemps, si longtemps que notre héroïne s’endormit.
Quand elle ouvrit les yeux, elle se trouvait sur un sol humide entouré d’arbres, et il faisait sombre, très sombre. Seul la lueur des étoiles et de la lune l’éclairait, lui laissant deviner les bois autour d’elle. L’oiseau avait dû la déposer et était reparti sans elle.
Mais où se trouvait-elle ?
C’est alors qu’elle aperçue des ombres à l’orée des bois, puis, des yeux scintillants tout autour d’elle.
Des monstres ?
Se pourrait-il qu’on l’ai menée jusqu’ici pour se faire dévorer par des monstres ?
Se pourrait-il que dans ce monde si merveilleux, elle finisse occis par des ombres ?
Elle se rappela alors ses propres ombres, qui l’avaient protégée pendant si longtemps dans son monde. Elle se rappela que ce monde merveilleux dans lequel elle avait atterri comme par enchantement, elle le connaissait, et elle se dit que si elle était déjà venue, c’est qu’elle n’avait rien à craindre.
Elle ressentit alors une profonde gratitude envers ses étoiles qui l’avaient guidée jusqu’ici et l’éclairaient encore aujourd’hui, et envers ses ombres qui l’avaient accompagnée tant de temps.
C’est alors qu’un phénomène extraordinaire se produisit.
La femme se transforma en fée ! Une fée luminescente, d’une lumière jaune tel un soleil d’été.
Elle éclairait la nuit et les ombres autour d’elle.
Les ombres sortirent alors des bois.
La fée s’approcha d’elles en virevoltant et en dansant, sans peur. Elle s’aperçut que ces ombres n’étaient autre que les animaux de la forêt, des singes, des biches, des insectes… bon quelques animaux bizarres aussi, on est dans un autre monde quand même.
Et c’est ainsi que notre fée compris qu’elle portait la lumière en elle, et qu’elle était porteuse de joie et de liberté.
Notre fée, bien loin des préoccupations d’autrefois, profita pleinement de cette révélation, et entreprit une retraite en ce lieu magique, où la seule chose qu’elle avait à faire était de danser entre deux siestes et méditations, pour entretenir la joie qui nourrissait la lumière de ce lieu.
Notre travailleur de l’ombre était devenu une fée joueuse et joyeuse. Un bain de jouvence !
La contemplation lui apporta la sagesse de la Nature,
les leçons des arbres,
le langage de la beauté des fleurs,
de la caresse du vent,
du chant des oiseaux…
et à son tour elle chantait et dansait.
Et c’est ainsi que le cycle de la vie et de la croissance pouvait avoir lieu. Un échange dans la simplicité.
De cette expérience, notre fée gagna en tolérance, en ouverture d’esprit, en ouverture du cœur. Elle acquis une souplesse dans sa façon d’être et de voir le monde. Elle pouvait dorénavant être elle-même et laisser les autres s’exprimer tel qu’ils le souhaitaient sans que cela ne l’atteigne. L’Autre n’était plus un problème, il devenait une occasion de partage, d’apprentissage, de compassion, de jeu, d’émerveillement, de curiosité.
Tel un funambule, notre fée dansait d’une corde à l’autre accueillant chaque épreuve comme un nouveau jeu d’équilibriste. La solitude ne lui faisait plus peur non plus. Elle y voyait un moment de recueillement et de ressourcement.
Elle se délectait enfin de ces moments de refuge dans son imaginaire, dans ses rêves, dans ses lectures, dans la contemplation de la Nature, qui lui apportaient tant de messages et de réponses à ses questions, sans effort.
Comme elle avait compris que l’arrivée sur l’île était un retour,
elle comprit qu’il s’agissait là aussi d’un retour, un retour à elle-même, à la libération de son Être,
de cette lumière dont tout le monde parle.
Et qu’ainsi un nouveau cycle pouvait commencer, mais qui raconterait cette fois-ci,
l’histoire qu’elle aurait choisi.